• Leander

    Leander advertising


    Le tandem Tim Whiteoff / Psygnosis est encore de sorti et cette illustration termine la série.


    Inspiration, mon désespoir.


        Le style utilisé semble différer grandement des exemples précédents. Vérifions le manuel: c'est bien Tim White (note1), ainsi que je confirme aussi son site officiel (note2). En auscultant d'autres de ces travaux, on retrouve à plusieurs reprises cette technique de travail, mélangeant effet "plastique" et photoréalisme. Pourtant, le résultat final n'est guère convaincant à mon gout:
    • superposition artificielle de différentes images (ex: projection de feu sans interaction avec le rocher).
    • dragon et personnage au regard éteint, inexpressif.
    • crédibilité (ex: défense avec juste un sabre contre du feu).
    • feu sortant des deux narines du dragon? Il est pourtant bien connu qu'il sort de la bouche. Enfin, bien connu... L'animal est imaginaire mais cet imaginaire repose tout de même sur certains codes. Enfin, on se comprend.
    • absence d'arrière-plan.

    Leander cover


        Chaque détail prit séparément ne pose pas forcément de cas de conscience mais l'ensemble donne une impression d'un important travail technique au détriment de l'inspiration, de l'évocation et de la cohérence.

        Pour mieux comprendre là où le bât blesse, jetez un oeil rapide sur l'illustration du jeu "Black Tiger" ci-dessous, jeu développé et édité par Capcom.
    Le thème graphique est le même: dragon, flamme, rocher, combattant avec arme et casque.

    Black Tiger advertising


        Quelle force en émane! Et quelle différence de traitement. Qui se cache derrière?  Voyons voir... Ah! Voila: Peter Andrew Jones. Pour ceux qui ne passe pas leurs loisirs à décortiquer les jaquettes de jeux vidéos, soulignons le lien étroit entre cette personne et Psygnosis. Décidément, cet éditeur persiste à embaucher des artistes de talent. Nous aurons bien évidemment l'occasion de revenir sur "Black Tiger" dans un article futur.

        Restons toutefois serein pour Leander: le dessin se situe dans le haut du panier, comparativement à une grande majorité des jeux produits dans ces années-là. La déception est donc évidemment toute relative et symptomatique d'une comparaison rétrospective qu'il est facile de mener maintenant. L'impact sur les acheteurs potentiels de l'époque ne peut donc se discuter que remis dans son contexte d'origine.
    Enfin, les autres coopérations entre Tim White et Psygnosis nous avaient laissés enthousiastes et cette dernière ne remet pas en cause ce constat!

        Concernant la publicité en elle-même, saluons la mise en page typique Psygnosis, avec des captures d'écran colorées, attirantes et le logo de la compagnie, qui donnent à elle seule un apriori positif. On reconnait tout de suite l'éditeur ! Et sa réputation de qualité, patiemment construite, nous revient en mémoire immédiatement. C'est un exemple de l'utilité déjà évoquée d'une mise en page "figée" et reconnaissable, de jeu en jeu (cf. article sur le jeu Infestation).


    Marketing, mon amour.

    Leander genesis cover Leander megadrive cover
    Genesis cover Megadrive cover
    Leander genesis back
    Genesis back


        Une particularité des illustrations est de trouver très souvent plusieurs versions, pour le Japon, les USA et l'Europe ou bien les micros et les consoles.
    La version qui nous préoccupe s'articule autour d'un thème japonisant, avec une calligraphie du titre et un costume pour le personnage principal assez typique.
    Quand on regarde de plus prêt les captures d'écran et qu'on lit l'histoire résumée sur la publicité (Thanatos? Lucanna? Leander?), ce trait asiatique parait absent et donc artificiellement ajoute pour le dessin.
    Tellement artificiel que les couvertures des cartouches consoles préfèrent basculer vers le médiéval et la chevalerie, sans pour autant changer le contenu du jeu lui-même. L'histoire décrite subit pourtant un lifting surprenant:

    Micro
    "Thanatos reste tapi dans sa tanière, se vautrant dans la force vitale, source de puissance qu'il tire de la princesse Lucanna.
    La princesse Lucanna est en train de mourir: prisonnière de la Sphère de Déplétion, ses forces seront bientôt épuisées.
    Leander, le Capitaine de la Garde, doit maintenant faire face et surmonter des dangers pires que ceux qui hantent ses cauchemars les plus noirs, avant de pouvoir libérer la princesse et sauver le royaume."

    Console
    "Miragorn, l'abominable sorcier de l'Est, a pillé le trésor de Camelot et enlevé la princesse Leandra. Pour couvrir sa fuite, il a jeté un sort sur tous les chevaliers de la Table Ronde pour les endormir, vous laissant vous, Galahad, fils de Lancelot, comme dernier espoir de Camelot."

        Plus que surprenant, non? Incroyable même ! Pouvoir utiliser, suivant la direction du vent, Thanatos, la princesse Lucanna, et le héro Leander, Capitaine de la Garde... ou bien Miragorn -vilain sorcier-, la princesse Leandra (?!), et le héro Galahad (?!), agrémentés de Camelot, Lancelot, Table Ronde...

        Au final, le héro et les noms font plus antiques, grecs ou romains, que ne peuvent l'être des chevaliers ou des samourais.
    Marketing, quand tu nous tiens... Il parait préférable de s'adapter aux attentes immédiates des différents publics visés, pour appâter rapidement, plutôt que de coller sobrement à ce que le jeu propose. C'est de bonne guerre, d'autant plus que le jeu lui-même est une réussite totale dans le contexte de l'époque. De bonne guerre peut-être, et tout à fait compréhensible, nécessaire, mais très amusant, n'est-il pas?


    Humour, mon atout.

    Leander advertising fr


        La publicité française amène enfin une phrase curieuse:
    "Vous jouez le rôle de la princesse <...> attendant que Leander la sauve".
    Est-ce un problème de traduction? C'est tellement courant que nous ne devrions même plus être surpris.
    Et pourtant... La phrase suivante pousse le bouchon un peu plus loin:
    "Ou bien passerez-vous la totalité du jeu à ne rien faire?"
    ... mmmmm..... Au lieu d'une erreur de traduction dommageable, serait-ce un trait d'humour surprenant? Le texte termine enfin par:
    "Psygnosis se réserve le droit de modifier ce scenario".
    Tout est confirmé par la version originale en anglais. Le doute s'envole et il ne nous reste plus qu'à saluer bien bas cette attention amusante et qui fait mouche. Le département marketing devait être bien joyeux au moment de rédiger cette accroche :)


    Leander screenshot 1 Leander screenshot 2
    Leander screenshot 3 Leander screenshot 4


        Concluons sur le jeu qui a reçu moult louanges et notes entre 80% et 95%, semblent-elles bien méritées.

    A vos claviers!

    Jeu: Leander (La Légende de Galahad [Megadrive/EU], Galahad [Genesis/US])
    Illustration: Tim Whiteoff.
    Editeur: Psygnosis.
    Développeur: Travellers' Tales.
    Plateformes: Amiga, Atari ST, Sega Megadrive/Genesis.
    Date: 1991.
    Liens: [HOL] [Lemon]


    Note 1: extrait du manuel international, page 26
    "L'illustration de la couverture de Leander est Copyright @ 1991 Psygnosis et Tim White."

    Note 2: extrait de la galerie du site officiel, page 3
    "The box cover artwork for a platform computer game titled 'Leander'. Publisher: Psygnosis UK"
    _______________________________

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  • Commentaires

    1
    Nom/Pseudo
    Lundi 23 Septembre 2013 à 03:17

    J'acquiesce concernant le fait que la pochette de Black Tiger par Peter Andrew Jones serait meilleure que celle de Leander (qui franchement fait pitié) mais malheureusement notre ami P.A.Jones a fortement pompé son artwork sur celui de Boris Vallejo (Conan the Magnificent , le dragon est remanié mais inpiré de Andromeda du même artiste)    , utilisant aussi de manière quasi calquée la position du héros dans The Norseman de Frank Frazetta. La pose du héros, l'aspect de la flamme du dragon et la manière uneique dont elle est partiellement cachée par le héros, la position des pattes et griffes, tien n'est original. Ceci dit l'artwork final est coloré et sympathique, le remaniement de la pose donne un résultat agréable pour un artwork d'un jeu qui m'a bien amusé à l'époque .

    Mais on ne peut pas dire que Jones soit la source d'inspiration pour l'artiste de Leander, tous deux ont en fait puisé aux mêmes sources qui sont des classiques ajourd'hui.

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